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Le Christ de passage à Pouldu le temps d'un weekend

Le Christ était allongé dans son tombeau, il allait enfin pouvoir faire une pause.
Il sillonnait la Palestine depuis des années à prêcher et à faire des miracles.
Il n'avait jamais une minute à lui avec tous ces gens qui le suivaient en permanence.
Ils ont fini par le clouer sur une croix, où il a souffert le martyre jusqu'à son dernier souffle.
Il avait même cru un instant que son Père l'avait abandonné.
Il a alors décidé de passer le weekend pascal à Pouldu sur la côte bretonne.
Il en avait assez de traîner ses sandales dans la poussière sous un soleil de plomb.
Il n'était pas connu là-bas, il n'y avait pas un chrétien, et l'air marin lui ferait du bien.
Il voulait en profiter un peu avant de rempiler pour quarante jours et partir pour de bon.

À Pouldu, ils s'étaient bien rendu compte qu'il n'était pas de la région.
Il avait la peau mate, il parlait avec un accent, et il portait une sorte de drap blanc autour de lui.
Il avait pris une chambre pour trois nuits au nom de Jésus-Christ, et payé d'avance.
Ils ont raconté l'anecdote à leurs descendants, et ainsi de suite.
Ils ont seulement fait le rapprochement quand les premiers chrétiens sont arrivés quelques siècles plus tard.
Ils ont aussi relaté l'histoire à Charles Filiger, un peintre du coin, mystique et alcoolique, vers 1900.
Il a alors immortalisé le séjour du Christ à Pouldu dans une de ses plus belles toiles.
Le Christ s'y repose paisiblement sous l'œil bienveillant des trois mouettes rieuses de la Trinité au loin.
Michel Corne. Le Christ de passage à Pouldu le temps d'un weekend, 4/2015.
Charles Filiger. Christ au tombeau, vers 1892-1895, musée Maurice Denis.

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