La fin d'une liaison, c'est toujours mortel.
Voici mon atelier. Œil glissant,
issu du plus profond de ma tribu, mon souffle
te sait parti. Je fais horreur
à ceux qui se trouvent là. Je suis nourrie.
Seule, la nuit, je me marie au lit.
Avec mes doigts, maintenant il est à moi.
Il n'est pas bien loin. C'est ma nouvelle rencontre.
Je lui sonne les cloches. Je m'allonge
sous la tonnelle où tu avais l'habitude de le monter.
Tu m'empruntais sur le tapis de fleurs.
Seule, la nuit, je me marie au lit.
Prends cette nuit par exemple, mon amour,
que tous les couples mettent à profit
dans un renversement collectif, dessus, dessous,
duos généreux dans la plume et la ouate,
poussant, à genoux, face-à-face.
Seule, la nuit, je me marie au lit.
Je m'évade ainsi de mon corps,
agaçant petit miracle. Puis-je
exhiber ce marchand de rêves ?
Je suis étalée. Je crucifie.
Prunelle de mes yeux, comme tu disais.
Seule, la nuit, je me marie au lit.
Alors, ma rivale à l'œil noir arriva.
La fille de l'eau, montant sur la plage,
un piano au bout des doigts, la honte
sur les lèvres et l'éloquence de la flûte.
Et moi, j'étais le balai cagneux.
Seule, la nuit, je me marie au lit.
Elle t'a pris comme une femme prend
une robe bon marché du présentoir,
et je me suis brisée comme une pierre.
Je te rends tes livres et ton attirail de pêche.
Le journal du jour dit que vous êtes mariés.
Seule, la nuit, je me marie au lit.
Garçons et filles ne font qu'un, ce soir.
Ils dégrafent les corsages. Ils ouvrent les braguettes.
Ils retirent les chaussures. Ils éteignent la lumière.
Créatures luisantes, pleines de mensonges.
Ils se nourrissent les uns des autres. Ils sont gavés.
Seule, la nuit, je me marie au lit.
Michel Corne. La ballade de la masturbatrice solitaire (traduction), 5/2011.
Anne Sexton. The Ballad of the Lonely Masturbator (texte original), Love Poems, 1969.
Lire les textes en parallèle et les notes de traduction.
Egon Schiele. Reclining Woman, 1917.
Voici mon atelier. Œil glissant,
issu du plus profond de ma tribu, mon souffle
te sait parti. Je fais horreur
à ceux qui se trouvent là. Je suis nourrie.
Seule, la nuit, je me marie au lit.
Avec mes doigts, maintenant il est à moi.
Il n'est pas bien loin. C'est ma nouvelle rencontre.
Je lui sonne les cloches. Je m'allonge
sous la tonnelle où tu avais l'habitude de le monter.
Tu m'empruntais sur le tapis de fleurs.
Seule, la nuit, je me marie au lit.
Prends cette nuit par exemple, mon amour,
que tous les couples mettent à profit
dans un renversement collectif, dessus, dessous,
duos généreux dans la plume et la ouate,
poussant, à genoux, face-à-face.
Seule, la nuit, je me marie au lit.
Je m'évade ainsi de mon corps,
agaçant petit miracle. Puis-je
exhiber ce marchand de rêves ?
Je suis étalée. Je crucifie.
Prunelle de mes yeux, comme tu disais.
Seule, la nuit, je me marie au lit.
Alors, ma rivale à l'œil noir arriva.
La fille de l'eau, montant sur la plage,
un piano au bout des doigts, la honte
sur les lèvres et l'éloquence de la flûte.
Et moi, j'étais le balai cagneux.
Seule, la nuit, je me marie au lit.
Elle t'a pris comme une femme prend
une robe bon marché du présentoir,
et je me suis brisée comme une pierre.
Je te rends tes livres et ton attirail de pêche.
Le journal du jour dit que vous êtes mariés.
Seule, la nuit, je me marie au lit.
Garçons et filles ne font qu'un, ce soir.
Ils dégrafent les corsages. Ils ouvrent les braguettes.
Ils retirent les chaussures. Ils éteignent la lumière.
Créatures luisantes, pleines de mensonges.
Ils se nourrissent les uns des autres. Ils sont gavés.
Seule, la nuit, je me marie au lit.
Michel Corne. La ballade de la masturbatrice solitaire (traduction), 5/2011.
Anne Sexton. The Ballad of the Lonely Masturbator (texte original), Love Poems, 1969.
Lire les textes en parallèle et les notes de traduction.
Egon Schiele. Reclining Woman, 1917.
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