Accéder au contenu principal

Jeune

Jadis, il y a un millier de portes,
quand j'étais une enfant solitaire
dans une grande maison avec quatre
garages, et que l'été était là,
pour autant que je m'en souvienne,
je m'étendais sur la pelouse la nuit,
les trèfles faisaient des vagues sur moi,
les sages étoiles se couchaient sur moi,
la fenêtre de ma mère — un entonnoir
d'où s'échappait une chaleur jaune —,
la fenêtre de mon père — moitié fermée,
un œil où le dormeur ne faisait que passer —,
et les planches de la maison
étaient lisses et blanches comme la cire,
et probablement un million de feuilles
voguaient sur leurs étranges tiges,
alors que les criquets cliquetaient ensemble,
et moi, dans mon corps tout neuf,
qui n'était pas encore celui d'une femme,
je posais mes questions aux étoiles,
et pensais que Dieu pourrait vraiment voir
la chaleur et la lumière colorée,
coudes, genoux, rêves, bonne nuit.
Michel Corne. Jeune (traduction), 2/2013.
Anne Sexton. Young (texte original), All My Pretty Ones, 1962.
Lire les textes en parallèle et les notes de traduction.

Commentaires