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La femme gainée

Ton ventre flasque descend vers tes genoux,
tes seins sont posés dans les airs,
les mamelons indifférents
comme deux tièdes étoiles de mer.
Tu es debout dans ton fourreau élastique,
toujours obstinée à alterner
nouvelle-née et vieille-née.
C'est parti : tu glisses et roules vers le bas
ton enveloppe rose, qui amasse et qui claque,
tandis que ton ventre mou comme du pudding,
déborde dans l'espace libre ;
plus bas, sur la délicate cicatrice chirurgicale,
plus bas, sur les hanches, coussinets
idéals pour la tête ou la bouche,
puis, au ralenti, comme un rouleau à pâtisserie
sur les poils frisés, ce champ extraordinaire
qui dissimulent tes talents à son habitué ;
sur les cuisses épaisses comme des porcelets,
sur les genoux en forme de soucoupe,
sur les mollets polis comme du cuir,
plus bas encore, vers les pieds.
Tu t'arrêtes un moment,
les chevilles ligotées.
Puis, tu te relèves,
cité surgissant de la mer,
née bien avant Alexandrie,
tu es venue directement de Dieu
dans ta peau rédemptrice.
Michel Corne. La femme gainée (traduction), 11/2021.
Anne Sexton. Woman with Girdle (texte original), All My Pretty Ones, 1962.
Lire les textes en parallèle et les notes de traduction.
Alexander Khokhlov. WB - Weird Beauty.

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