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Oh ! Un matin d'avril

Je suis prêt à assassiner les fleurs.
Toute la nuit, un festival des mots, un festschrift verbal —
noter que je ne mets pas de trait d'union
car l'Académie ne le recommande pas
pour un composé qui n'est qu'une locution —
m'a laissé dans une sorte de schwa indéfinissable,
de somnolence, ni longs bâillements,
ni sourcilleux, ni grincheux,
mais abasourdi, stone, comme
mis en pièces méthodiquement
par des sons humains — verbes, noms, petits
déterminants, explétifs, pronoms,
signes et référents, tous, tous faisant partie
de la grammaire humaine (cette chose que j'aime)
et du « drame humain » (cette chose que je déteste)
qui m'a fait écouter, écouter
leur rhétorique fleurie —
se pencher sur le doux sotto voce,
puis s'écarter lors de la montéee en puissance
du babel tonal, ricanements, reniflements,
gloussements et éclats de rire, interrogatif,
exclamatif, impératif, impérieux,
ablative, déclaratif, exhortatif,
dénonciateur, importun, minaudant,
pleurnichant, cajolant, geignant, oh ! —
tout cela m'a tenu éveillé toute la nuit, toute la nuit
pendant que les fleurs fermaient leurs oreilles
et dormaient. Je vais les assassiner ! Je le ferai !
Michel Corne. Oh ! Un matin d'avril (traduction), 8/2024.
Neil Shepard. Oh! On an April Morning (texte original), 2004.
NocturnalMoTH. Out to kill flowers, 2007.

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