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La mousse de sa peau

Les jeunes filles dans l'ancienne Arabie
étaient souvent enterrées vivantes à côté de leur père défunt,
apparemment comme un sacrifice aux déesses des tribus...
Harold Feldman, « Les enfants du désert »
Psychoanalysis and Psychoanalytic Review, Fall 1958

La seule chose importante était
de sourire en restant immobile,
de se coucher à côté de lui
et se reposer un moment,
de se replier ensemble
comme si on était fait de soie,
de disparaître du regard de mère
et ne plus parler.
La chambre noire s'emparait de nous
comme une caverne ou une bouche
ou un ventre intérieur.
Je retenais mon souffle
et papa était là,
ses pouces, son gros crâne,
ses dents, ses cheveux qui poussaient
comme un champ ou un châle.
J'étais étendue contre la mousse
de sa peau, puis
tout devint étrange. Mes sœurs
ne sauront jamais que je m'effondre,
hors de moi-même, faisant mine de croire
qu'Allah ne verra pas
que je tiens mon papa
comme un vieil arbre de pierre.
Michel Corne. La mousse de sa peau (traduction), 4/2011.
Anne Sexton. The Moss of His Skin (texte original), To Bedlam and Part Way Back, 1960.
Lire les textes en parallèle et les notes de traduction.

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