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La vérité que les morts connaissent

Pour ma mère, née en mars 1902, décédée en mars 1959
et mon père, né en février 1900, décédé en juin 1959

Partis, me dis-je en m'éloignant de l'église,
refusant l'austère procession vers la tombe,
laissant le défunt voyager seul dans son corbillard.
C'est le mois de juin. Je suis fatiguée d'être forte.

Nous roulons vers Cap Cod. Je me revigore
grâce au soleil qui ruisselle du ciel,
grâce à la mer qui bat comme un portail en fer,
et nous sommes proches. Dans un autre pays, les gens meurent.

Mon chéri, le vent s'abat comme les pierres
de l'écume enhardie, et quand nous nous touchons
nous entrons en communion. Nous ne sommes plus seuls.
Les hommes tuent pour cela, que je sache.

Et qu'en est-il des morts ? Ils gisent sans chaussures
dans leurs embarcations de pierre. Ils ressemblent plus à de la pierre
qu'à la mer si elle s'arrêtait. Ils refusent
d'être bénis, gorge, oeil et osselet.
Michel Corne. La vérité que les morts connaissent (traduction), 4/2011.
Anne Sexton. The Truth the Dead Know (texte original), All My Pretty Ones, 1962.
Lire les textes en parallèle et les notes de traduction.
Paul Cézanne. Homme étendu sur le sol, 1862-66

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